CV


Illés Sarkantyu - photo © Blanche Sarkantyu, 2023

Photographe et cinéaste né à Budapest en 1977. Vit et travaille en France.
HONGRIE : ANNÉES D’ÉTUDES

Petit-fils du peintre Simon Sarkantyu (1921-1989) professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Budapest et fils du photographe, historien de l’art et cinéaste Mihály Sarkantyu (1953-1989), Illés Sarkantyu apprend le métier de photographe illustrateur, au lycée d’art appliqué de la capitale hongroise et obtient son diplôme en communication visuelle à l’université d’art appliqué Moholy-Nagy de Budapest en 2000.

Alors que son mémoire retrace le parcours de trois photographes notables à ses yeux – Ernest Joseph Bellocq, Jacques Henri Lartigue et Sally Mann – son travail pratique intitulé “Vizit” consiste à réinventer la série de ce premier, “Portraits de Storyville”.

Chef du studio et du laboratoire de l’université, Illés Sarkantyu y enseigne pendant une courte durée. Perplexe face à cette expérience et à ses perspectives, il quitte la Hongrie – provisoirement, pense-t-il – pour s’installer en France, en 2002.

FRANCE : VIE PROFESSIONNELLE

À l’initiative du couple de collectionneurs d’art géométrique abstrait, Judit Nemes et András Szöllősi-Nagy, il rencontre le cercle des artistes et intellectuels hongrois vivant en France et entreprend avec eux une série de portraits photographiques.

Grâce à une bourse du gouvernement français, il s’inscrit à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne et commence un DEA – Cinéma, Télévision, Multimédia. Encore mal à l’aise avec la langue française, il découvre et s’initie à la lecture des textes d’Henri Bergson, Gilles Deleuze et Michel Foucault.

La peintre Anna Mark lui confie la réalisation d’un premier document audiovisuel et l’introduit auprès des artistes Janos Ber et Alexandre Hollan. Ces collaborations lui permettent d’entrer en contact avec diverses galeries et institutions culturelles telles que la galerie Vieille du Temple, le château de Ratilly et le Domaine de Kerguéhennec avec lesquels il commence à travailler régulièrement. Proche de Judith Hervé, il s’occupe du fonds du photographe Lucien Hervé.

Si ses collaborations avec le domaine artistique lui permettent de contribuer à l’édition de nombreux livres et catalogues et de réaliser ses premiers films sur l’art, il choisi de ne pas montrer son travail personnel en France et réalise deux expositions à l’Institut français de Budapest. Suite de ses portraits “Franco-hongrois”, Sarkantyu y présente en 2011 “Mihály”, un dispositif audiovisuel commémorant la figure du père. Les problématiques de l’absence et de la présence, de la mémoire et de l’héritage sont depuis lors des motifs récurrents dans son travail.

Son ami Marcel Esterhazy, l’encourage à présenter une série photographique autour des archives de Lucien Hervé au bureau/galerie qu’il tient avec Benjamin Géminel. Ce travail, qui n’est pas envisagé à cet époque comme un projet artistique, suscite de l’intérêt dans son entourage et lui permet quelques apparitions parisiennes : à la galerie Binôme, à la galerie Patricia Dorfmann, à la galerie Vidal-Saint Phalle et au stand de Paris photo de la galerie du jour agnès b.

En 2014, Marie-Hélène de La Forest Divonne lui propose présenter ces photographies avec celles de Lucien Hervé. Ainsi naît l’exposition duo “Less is more” (2014) évènement encore organisé à l’espace de la rue Vieille du Temple. En collaboration avec la galerie du jour agnès b. la série “L’appartement” de Lucien Hervé est prêtée pour un second volet du même projet, “Abstraction du concret” présenté à La Galerie La Forest Divonne à Bruxelles en 2018.

BRETAGNE : UNE CONNEXION PARTICULIÈRE

Si sa vie privée est liée au sud de la Bretagne, où il s’est marié et sont nés ses enfants, sa collaboration avec le département du Morbihan est déterminante dans son parcours professionnel.

Domaine de Kerguéhennec

Artiste associé au coté d’Olivier Delavallade, directeur du Domaine de Kerguéhennec à l’époque, il réalise de nombreux films sur l’art (Christian Jaccard, Dansaekhwa, Tal Coat, Mur/Murs, Ernesto Riveiro...) des catalogues d’expositions (Bernard Pagès, Nicolas Fedorenko, Lee Bae entre autres) et participe à la vie culturelle du lieu pendant une dizaine d’années.

De février 2013 à avril 2014, il est invité en résidence au domaine de Kerguéhennec. De ce travail au long-cours naît “Ombrées”, un projet qui évoque l’esprit du lieu. Cette nouvelle œuvre, qui mêle photographies et film, est exposée au château en 2014. Son travail de résidence est également restitué dans le catalogue “Face au vif” (2017) introduit par un texte original de Pierre Wat.

En 2018, dans l’exposition “La Disparition (remix)” Illés Sarkantyu propose une interprétation des carnets de Jean-Pierre Vielfaure (1930-2015) dans une mise en forme inédite, poursuivant ainsi son propre travail de collecte sur l’histoire du domaine. Un livre numérique “Fragments d’une chronologie du hasard, Journaux personnels de Jean-Pierre Vielfaure au domaine de Kerguéhennec, 1995-2000.” voit le jour dans une coédition Domaine de Kerguéhennec et Éditions Naima.

Patrimoine culturel dans le Morbihan

Parallèlement à son activité à Kerguéhennec, Illés Sarkantyu participe à la promotion du patrimoine culturel du Morbihan. Il publie un livre sur le cairn de Gavrinis (2017), parcours le département en photographiant une soixantaine de monuments aux morts pour la commémoration de la Grand Guerre (2018), réalise un ensemble photographique au Domaine de Suscinio, site archéologique et espace naturel sensible sur la presqu’île de Rhuys (2022).

Aujourd’hui

En 2022 il photographie, filme et réalise un catalogue sur l’exposition “Daniel Buren, Au détour des routes et des chemins, 7 travaux in situ” organisée à l’île d’Arz.

Socialement engagé, il rejoint les membres du groupe scientifique du projet ACCMADIAL (Accompagnants des Malades Diagnostiqués Alzheimer), pour qui il réalise une série de photographies autour des aidants des malades d’Alzheimer.

RECHERCHE PERSONNELLE
Références

Les sujets photographiques d’Illés Sarkantyu oscillent entre l’histoire personnelle, la représentation humaine et son environnement.

Que ce soit les objets que le peintre Alexandre Hollan dispose pour ses “Vies silencieuses” (2013), le verre peint de Marc Chagall, “La Paix” (2015) ou les chemises de planche-contacts de Lucien Hervé regroupées en un assemblage complexe, “Contacts” (in “Dans l’atelier : L’artiste photographié d’Ingres à Jeff Koons”, Petit Palais, 2016) Illés Sarkantyu accorde une place très particulières aux objets. Sources réelles soumises à une méthode de travail analytique, rigoureuse au point d’être parfois trop maîtrisée ou rigide, leur restitution en images témoigne d’une poésie réflexive.

Objets jetés, perdus, trouvés

Depuis le début de l’année 2020, sa recherche consiste à photographier des objets jetés / perdus / trouvés. Contrairement aux projets précédents, les images de ces objets abandonnés ne peuvent plus témoigner personnellement de leur propriétaire ou de leur utilisateur occasionnel. Impersonnelles et universelles, elles sont les traces de notre activité, de notre consommation, en quelque sorte de notre culture : elles sont la couche archéologique superficielle de notre civilisation.

CV français 24 05 2023 (pdf)